Tatami (film)

Actualisé le 20/09/2024
Tatami, affiche de film

Tatami

  • Le 4 septembre 2024
  • Un film de Zar Amir Ebrahimi, Guy Nattiv
  • Avec Arienne Mandi, Zar Amir Ebrahimi, Ash Goldeh
Presse3,9★★★★
Spectateurs4,2★★★★

Synopsis : Leila pratique le judo depuis son enfance. Son entraîneuse Maryam et elle se rendent aux championnats du monde avec la ferme intention de ramener le saint-graal : une médaille d'or à l'Iran. Mais au cours de la compétition, la République islamique les menace en ordonnant à Leila de truquer le combat et d’abandonner pour éviter de se retrouver devant sa rivale israélienne. Que fera t'elle? Réalisera t'elle son rêve, ou jouera t'elle avec sa propre liberté et celle de sa famille?

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Infos

Le film est réalisé par Zar Amir Ebrahimi a suscité des réactions variées chez les critiques et les spectateurs. Beaucoup louent la manière dont Ebrahimi aborde des thèmes complexes, tels que la solitude et l'identité, à travers le prisme de la vie d'un cinéaste à Téhéran. Sa capacité à capturer les nuances des relations humaines dans un cadre urbain, souvent étouffant, est particulièrement appréciée. Les critiques notent que la performance de l'actrice principale est à la fois touchante et authentique, ajoutant une profondeur émotionnelle au récit.

Critiques

Inspiré par des histoires réelles de sportives iraniennes ayant vécu des expériences similaires, le personnage principal de ce film, Leila Hosseini, se trouve confrontée à un dilemme lors des championnats du monde de judo en Géorgie : doit-elle tout donner pour remporter la médaille d'or et honorer sa famille ainsi que son pays, ou céder aux terribles menaces du gouvernement iranien en abandonnant la compétition (le risque étant de rencontrer une judokate israélienne en finale, ce qui est inacceptable pour le guide suprême iranien) ? S'inspirant des grands films de sport de l'histoire, notamment de Raging Bull, tout en intégrant des éléments de thriller psychologique et l'esthétique de La Haine, Tatami est un film absolument oppressant du début à la fin.

Tatami est un film qui met en lumière l'horreur de la dictature en Iran, illustrant comment cette machine d'oppression déshumanise l'individu sans tenir compte d'un peuple forcé d'être soumis aux choix du Guide Suprême et de son système criminogène. La protestation du judokate à succès, Hosseini, contre la décision absurde de son pays de se retirer d'un tournoi mondial pour éviter de potentielles confrontations avec des adversaires israéliennes symbole surtout du prix élevé de son acte de désobéissance. Son geste, reflétant un désir inadmissible de liberté à la vue de ceux qui gouvernent, rappelle inévitablement l'épouvante plus récente de l'affrontement entre le pouvoir iranien et sa population, avec une pression particulièrement notable sur les femmes.

Le mécontentement d'Hosseini à l'idée de ne pas participer à la compétition, luttant pour décrocher le titre suprême, conjugue et illustre fortement la répercussion extrême de ce refus, qui révèle un désir de liberté, inacceptable aux yeux des autorités régnantes, évoquant obligatoirement l'horreur passée du conflit entre le pouvoir iranien et son peuple, principalement féminin.

Tatami est un film occidental – une co-production entre les États-Unis et le Royaume-Uni – ce qui pourra, de manière absurde, être critiqué, alors qu'il est évident qu'un tel pamphlet ne pourrait pas être produit en Iran. Néanmoins, il se dégage une impression très forte de réalisme, essentielle à la crédibilité du discours politique. Rappelons que son sujet est inspiré d'incidents réels similaires, mettant en lumière les pressions extrêmes exercées sur des athlètes de haut niveau par l'Iran, mais également par d'autres régimes totalitaires. La conclusion de Tatami, que nous ne dévoilerons pas ici, évite d'ailleurs toute glorification de l'héroïsme de la rébellion, ainsi que tout dénouement heureux évident, qui aurait été tout sauf logique. Tatami est une belle réussite, évitant presque tous les pièges de son propos. C'est un film puissant et un réquisitoire indispensable contre la barbarie d'état.

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